Les solutions permettant de mesurer la qualité de l’air intérieur fleurissent sur le marché. La société Accante, qui utilise de nombreuses imprimantes 3D dans ses locaux, a testé le capteur CozyAir, créé par deux ingénieurs chimistes. Stéphane Watré, co-fondateur d’Accante, revient sur le choix du CozyAir et les plans d’actions mis en œuvre.
En quoi consiste votre activité ?
Accante conçoit des accessoires pour imprimante 3D, notamment des couvercles qui se placent sur les imprimantes. Ces couvercles permettent d’améliorer les résultats d’impression, mais aussi de limiter les émissions de substances nocives grâce à un filtre à particules, car la matière utilisée, l’ABS (polymère thermoplastique), est très polluante et nocive pour la santé. La qualité de l’air intérieur est donc une problématique que nous prenons en considérations pour notre activité, mais aussi dans nos locaux car une partie des pièces qui constituent le capot sont imprimées en 3D. 21 imprimantes produisent donc ces éléments en plastique 24h sur 24h, puis ils sont mis en kit et envoyés auprès d’un grossiste. Nous avions déjà un système de filtration pour cette pièce au volume réduit (12 m2), permettant d’extraire les fumées, mais nous avons voulu aller plus loin.
Comment vous avez découvert le concept CozyAir ?
Nous avons connu le dispositif par l’intermédiaire du Centre d’expertise et de ressources technologiques, basé à Euratechnologies (Lille). Lors d’un événement (le Smartliving Lab, démonstrateur itinérant conçu par le CITC) qui s’est déroulé à Boulogne-sur-Mer, nous avons pu prendre contact avec les créateurs de CozyAir, et nous avons eu la primeur de tester leur outil dès octobre 2017.
Avec CozyAir, l’idée est d’appréhender ce qu’il se passe chez nous, en terme de qualité de l’air intérieur. Le dispositif a l’avantage d’être accompagné d’une analyse trimestrielle, décrivant les taux constatés sur une période donnée. Des indicateurs lumineux présents sur le capteur permettent d’avertir lorsque les taux sont dépassés, quasiment en temps réel. Nous nous rendons ensuite sur le site afin d’avoir le détail de la pollution constatée par le capteur.
Quelle problématique a pu mettre en évidence le capteur CozyAir ? Comment y avez-vous remédié ?
L’évacuation que nous avions mise en place auparavant est efficace, cependant, le dispositif nous a alerté sur une autre pratique altérant la qualité de l’air intérieur. À savoir l’utilisation d’acétone, que nous employons lors du nettoyage des plateaux des imprimantes 3D, trois fois par jour. Les valeurs du capteur ont explosé lors de cette procédure, et nous avons alors revu notre façon de travailler, en collaboration avec CozyAir : le port du masque est désormais obligatoire lorsqu’on entre dans la pièce des imprimantes, et nous mettons en marche l’extracteur pendant 3 à 4 heures pour retrouver un air sain.
Nous avons ensuite constaté des phénomènes qui n’était pas forcément liés à l’impression 3D, car dans notre atelier, le chauffage s’est révélé émettre un taux élevé de CO2. Mais c’est un chauffage d’appoint au gaz que nous utilisons peu fréquemment, et nous aérons régulièrement. Les portes entre les différentes pièces permettent également de faire barrière à ce composé.
Aujourd’hui, avez-vous prévu de conserver ce capteur dans vos locaux ?
Nous avons renouvelé notre abonnement (100 euros par mois) à CozyAir pour poursuivre la surveillance de la QAI dans nos locaux. En effet, sans le capteur, nous n’aurions pas été sensibilisés à la pollution de l’air par l’acétone dans nos locaux. C’est un élément déclencheur qui nous a permis de prendre des mesures pour assurer la protection de notre équipe. De plus, nous avons également prévu de tester le capteur en stoppant la ventilation dans la salle des imprimantes, afin de mesurer les quantités de CO2 et COV dans la pièce pour définir l’efficacité de notre ventilation.
Nous réfléchissions également à ajouter le dispositif CozyAir à notre catalogue, pour le proposer à nos grossistes. Car il est important également, pour les clients finaux (bureaux d’études utilisant les imprimantes 3D), de veiller à la qualité de l’air dans leurs locaux.
CozyAir en bref
Début 2017, deux ingénieurs issus d’un master en chimie de l’atmosphère et environnementale à Lille 1, Lamia Mialet et Charles Cornille créent ce dispositif connecté, qui combine sept capteurs indépendants mesurant en temps réel les taux des polluants et alertant sur les dépassements. Les données sont disponibles via l’application web Cozy’Connect, et des plans d’action personnalisés sont établis par la jeune startup. Celle-ci propose le service CozyAir, sur abonnement, aux entreprises, collectivités, établissements scolaires, crèches…